A bord du Marion Dufresne 2

Jeudi et Vendredi

Jeudi, il ne faisait déjà plus aussi chaud. Du coup, nous avons passé moins de temps à nous dorer au soleil ! Nous avons quand même pu observer nos premiers albatros. En fin de journée, ils ont même fermé le pont E pour cause de vagues et vents. En effet, dans la nuit du jeudi au vendredi, nous avons passé les 40èmes rugissants. Depuis vendredi matin, les piafologues sont aux anges !! Des albatros de
différentes espèces, des pétrels à menton blanc (les plus abondants), des océanités, des prions et quelques damiers du cap suivent le bateau. L'albatros royal est vraiment immense. C'est impressionnant de le voir planer au dessus des vagues puis d’un seul coup remonter pour redescendre ensuite très allégrement en s’aidant des courants d'air. J'ai passé le plus clair de la journée à regarder les p'tits et grands (surtout) n’oiseaux. Impressionnant !

Samedi : Arrivée sur CROZET
La nuit a été très agitée. Déjà, vendredi soir, à l’heure du repas, des filets antiglisse ont été sortis pour poser les assiettes et les verres à pied ont été remplacés par des verres à whisky. C’était joyeux, nous avons été bien ballottés ! La nuit, impossible de trouver le sommeil. Et encore on nous a dit après que les creux des vagues n’étaient que de 6m et que c’était souvent beaucoup plus remuant !!
Enfin, à 6h00 du matin, le temps est devenu plus clément.et par le hublot nous avons pu voir des côtes rocheuses se dessiner. Ça y est, nous sommes arrivés à CROZET ! Beaucoup se sont rués sur le pont pour admirer les terres ! Cela faisait 4 jours et 5nuits que l’on ne voyait plus un caillou à l’horizon !
L’archipel CROZET est situé aux environs des 46° de latitude Sud et de 50-52°de longitude Est c'est-à-dire à environ 2860km au sud-ouest de l’Ile de la Réunion. Il est composé de cinq îles dont la principale est l’Ile de la Possession (150km²) sur laquelle est installée depuis 1964 la Base Alfred Faure. Comme sur Kerguelen, des recherches scientifiques (écologie, suivis sismologiques et magnétiques, etc.) ainsi qu'une présence militaire sont assurées depuis la construction de la base. Cette île est balayée par des vents d’ouest importants (120jour/an à plus de 100km/h) et est arrosée par plus de 2500mm d.eau chaque année !

En ce qui nous concerne, nous avons eu beaucoup de chance. Il a fait beau pendant les deux jours d’escale. Nous étions même en petit pull sur le pont à regarder l'île au loin. Et oui… Malheureusement au loin.Dès 8h00 du mat. branle-bas le combat ! Les touristes, les hivernants à Crozet et les scientifiques devant faire quelques manips sont descendues à terre d’un coup d’hélicoptère et ont été accueillis par
les personnes présentes sur la base. Nous, les VCAT, le personnel technique et quelques autres chercheurs avons dû rester à bord. En règle générale, tout le monde descend mais malheureusement, nous ne choisissons pas toujours . Toute la journée, nous avons regardé l’île et surtout la grande manchotière (manchots royaux) de Port Alfred depuis le Marion Dufresne ancré à quelques encablures de la côte dans la Baie du Marin. Pour nous consoler, quelques manchots royaux sont
venus nager à flanc de navire. C’est super marrant Je les pensais plus gros que ça. Sinon, nous avons pu voir plein de piaffous : plusieurs espèces d’albatros (dont des royaux, des sourcils noirs et des fuligineux), des damiers du cap (ceux là ils sont super jolis avec leurs tâches sur le dos), des pétrels (à menton blanc et géants subantarctiques, à dire vrai je ne les trouve pas très beaux, ils ont un bec de dodo rires), des goélands dominicains et puis aussi pas mal de petits prions. J’ai également pu apercevoir au loin des orques !
Une équipe de tournage présente à bord en a vu plusieurs très très près du bord sur la Baie Américaine. De belles images en perspective. dommage que nous n’étions pas de la partie.

Dimanche
Nous nous sommes levés avec un petit espoir de, cette fois-ci, descendre à terre. Mais malheureusement la bêtise d’un seul homme suffit à réduire cet espoir à néant. Et dire que la plupart d »entre nous ne repasserons plus par ces latitudes. Heureusement, grâce à l’équipage, nous avons fini par pouvoir embarquer sur un canot pour se rapprocher un tant soit peu de la manchotière. A peine 5 minutes à observer les manchots et éléphants de mer sans pouvoir accoster, mais c’était magique de voir tout ce petit monde de plus près ! La colonie est immense… c.est impressionnant !! Ce qui est aussi remarquable c’est le bruit qu’ils font et. L’odeur qu'ils dégagent. Des éléphants de mer se prélassaient au soleil ; et quelques manchots papous, plus solitaires, étaient aussi au rendez-vous dans la Baie. Que du bonheur !Avant 17h, toutes les personnes descendues sur Crozet sont remontées à bord et quelques hivernants de la mission précédente ont également quittés la base. Le Marion lève l’ancre. Pour certains, c'est un an d’aventures qui s'achève.