samedi 20 septembre 2008

17 Septembre

C’était une date encore inconnue dans les mémoires mais certains ici s’en souviendront longtemps…
L’OP s’est maintenant terminée depuis dix jours. Nous faisons connaissance avec les nouveaux arrivants qui s’apprêtent pour certains à rester un an sur l’archipel.
Les beaux jours devenant de plus en plus communs, le fameux 17 Septembre, nous sommes partis pique niquer à trois heures de marche à l’ouest de la base, à Pointe Molloy. Pour les nouveaux qui ont passé plus de dix jours sur le Marion Dufresne, c’était l’occasion de se dégourdir un peu les pattes et de découvrir un peu les paysages locaux. Pour aller jusqu’à Molloy, rien de plus simple ! Il faut se laisser guider par le bruit des galets roulant sous l’effet du ressac et le chant des oiseaux. Par beau temps, cette petite balade littorale est vraiment très jolie. A notre gauche, nous avions une magnifique vue sur le Golfe du Morbihan et ses îles, la presqu’île Ronarch et le Mont Ross au sud-ouest alors qu’à notre droite, quelques montagnes au sommet encore enneigés nous faisaient rêver de vadrouilles…





Entre PAF et Molloy, des chenillettes laissées à l’abandon témoigne de l’exploitation passée des éléphants de mer, massacre qui a cessé il y a à peine 50 ans… Mais celles-ci ne nous ont pas attiré l’attention très longtemps car une heure de marche après le départ nous avons eu une sacrée surprise ! Couchée le long du flanc d’un éléphant de mer, une petite boule noire dormait à poings fermés !!!




Un bonbon, comme on appelle ici les bébés éléphants de mer en référence aux sucreries qu’ils représentent pour les orques… Ils ont des petites bouilles bien sympathiques avec leurs gros yeux et leur joli « duvet » noir.





Sur le chemin menant jusqu’à Molloy nous avons rencontré deux petits harems de 30 femelles gardés de près par le pacha (mâle éléphant de mer). Beaucoup avaient déjà mis bas. Certains bonbons étaient fraîchement nés, encore tous mouillés…

Les éléphants de mer (Mirounga leonina) sont en effet actuellement en période de reproduction. Les mâles mâtures ont commencé à regagner les plages depuis mi août.

Les femelles gestantes les ont suivi et commencent à mettre bas. A la naissance, les petits bonbons pèsent moins de 50kg (la mère pèse de 400 à 800kg et le père figure de géant avec ses 3,5tonnes). Ils seront nourris entre 3 et 4 semaines, période pendant laquelle ils prendront 3,6 kg/jour en moyenne ! La mère quant à elle va s’accoupler puis retourner en mer laissant son ch’tio se débrouiller comme un grand.

Les cabanes de Molloy, en réalité de véritables petites maisons comparées aux cabanes habituelles, doivent leur existence à des études sismologiques. Aujourd’hui ces études permettant de repérer les différents tremblements de terre ont lieu sur PAF et la cabane ne voit passer que des kerguéléniens en balade.

J’ai également profité de cette petite échappée à Molloy pour ramasser des Oopterus, petit coléoptère invasif dont je vous avais précédemment parlé. Les échantillons récoltés permettront de faire des études génétiques qui pourront nous révéler les modalités de son succès sur l’archipel, ceci au détriment des espèces autochtones.
Sinon, fini le tri d’insectes à Biomar !
L’armoire s’est doucement vidée… mais patience les beaux jours arrivent et les affaires vont sans nulle doute reprendre ! Voici un petit clin d’œil d’un collembole sortant de son sac de couchage ! En réalité une vue à la loupe binoculaire d’un insecte en train de muer…
En attendant les mouches, je pars une semaine pour Ratmanoff, à l’est de la péninsule Courbet pour participer à la manip « éleph » de Quentin.

Début septembre, c’est le « printemps » et le temps de l’OP !

C’est le printemps, les oiseaux chantent !

Entre notre séjour sur PAF et l’OP (Opération Portuaire), nous avons pu rejoindre l’île Australia pour effectuer nos manips mensuelles (voir billet sur Australia). Les inflorescences des choux continuent doucement à se développer. Les Acaenas sont toujours bien grillés mais à bien y regarder on distingue de jeunes feuilles chapeautant les plants desséchés. Les azorelles forment maintenant des coussins bien verts.

Et, grand bonheur pour nous, les animaux reviennent. Nos papous ont repris leurs appartements dans des azorelles au sud de l’île. Nos sternes recommencent à nous lancer des regards tueurs lorsque nous empruntons les chemins permettant de rejoindre nos manips. Les chionis reviennent faire leurs curieux et prospecter dans les colonies de cormorans, eux aussi de retour.



Les skuas ont également été réaperçus sur la base. Quelques petits pachas (mâles éléphants de mer) ont été vus se prélasser en bord de mer : ce sont les premiers annonçant la vague de mastodontes aquatiques qui ne vont pas tarder à envahir les côtes…



Arrivée du Marion Dufresne

Ca y est, le Marion Dufresne (MD) est de retour ! Son passage va marquer la fin de l’hiver commencé mi-avril dernier lorsque celui-ci nous avait quittés après l’OP1. Quatre fois par an, le MD effectue une rotation dans les terres australes. Il part de la Réunion pour rejoindre l’Archipel Crozet, puis l’Archipel des Kerguelen et enfin les îles Saint Paul et Amsterdam. Lorsqu’il rejoint la Réunion, un mois s’est écoulé. Ces rotations permettent de réapprovisionner les bases australes en matériel et nourriture et de relever le personnel.


A l’OP2 (Septembre), pour beaucoup, l’hivernage se termine… En effet, la plupart des militaires sont relevés (marine, armée de terre) ainsi que le personnel météo et les contractuels.

Pendant une semaine, nous sommes envahis, passant de 49 personnes à plus d’une centaine pendant l’OP : personnel interdistrict (anciens hivernants de Crozet et nouveaux arrivants à Amsterdam), partants et arrivants de Kerguelen, touristes (plus d’une vingtaine)… Cela fait bizarre d’être entourés d’autant de gens, de baigner dans le brouhaha que nous avions oublié et de voir nos petites habitudes bouleversées…

Pour nous, l’OP est aussi synonyme de renouveau alimentaire (ça c’est important pour le moral !!). Les réserves commençaient en effet à s’amenuiser et les repas à devenir de moins en moins variés… surtout en fruits et légumes… Nous tournons à la pomme Red Chieff et au poulet depuis juin…

Et puis l’OP c’est aussi une confrontation avec les virus et bactéries s’étant invitées à bord du Marion. Reniflements et éternuements font partie des bruits d’ambiance maintenant !


Lundi 1er Septembre, le MD est apparu vers 14h30 à gauche de l’Ile Murray qui marque l’entrée de la Passe Royale, la passe ouvrant sur le Golfe du Morbihan. Au pied de la Vierge dominant notre petit village, nous l’avons observé s’approcher lentement jusqu’à nous.




A 15h30, il était au mouillage devant PAF dans la Baie de l’Aurore Australe. La fenêtre météo étant des plus clémentes, les rotations hélico ont commencé tout de suite. Je me trouvais en première loge puisque « j’étais de DZ » (Drop Zone). Notre job consiste à assister l’hélico : ouvertures des portières, chargement/déchargement du matériel, décrochage des caisses amenées par hélitreuillage. Pour que nous soyons repérable à 5km autour de la base (!!), nous revêtons une magnifique veste orange fluo accompagnée d’un casque jaune à la mode playmobil…



Les premières rotations hélico sont réservées aux lettres et colis postaux ainsi qu’aux hivernants et interdistricts. En effet, la GP (la gérance postale) aura beaucoup de travail pendant l’OP. Après la distribution du courrier (ô combien apprécié des hivernants qui n’ont pas reçu une lettre ou un carambar depuis des mois !), ils doivent s’atteler au tamponnage des lettres postées sur le MD. La philatélie représente en effet une grande part des revenus des TAAF.




Après les gens et le courrier, vient une autre chose très importante : « la bouffe » !! Le congelé et le frais sont descendus en priorité. Les caisses sont alors rapidement « dépotées » par les cuisines aidées par les VCATs. Au premier abord, les réserves paraissent souvent importantes mais finalement, il faut penser que nous devons rester autonome entre chaque OP!



Mardi 2 Septembre, le vent qui avait mystérieusement disparu depuis plus d’une semaine a refait une apparition empêchant l’hélico de voler le matin. De même, le chaland n’a pas pu se mettre à couple du MD pour réceptionner les containers. Les nouveaux arrivants ont enfin eu un aperçu (succinct tout de même) du temps à KER ! Enfin car ils ont bénéficié d’une mer d’huile depuis le départ de la Réunion… Rien à voir avec l’année précédente, où l’arrivée s’était faite sous un air de bizutage par plus de 80noeuds !

Le soir, Yann, le disker de la mission 58 a passé officiellement son rôle à Frédéric, le nouveau disker qui va nous accompagner jusqu’à la fin de notre mission.


Mercredi 3 Septembre

Notre chaland l’aventure, a passé sa journée à effectuer des rotations entre notre quai « le Café du Port » et le Marion Dufresne pour amener à terre les gros containers ne pouvant être hélitreuillés. Il a également emmené du matériel usagé, des vieux véhicules ainsi que les poubelles sur le MD afin qu’ils soient rapatriés sur la Réunion.



Pendant toute l’OP, les anciens hivernants sont très occupés puisqu’ils doivent former les nouveaux afin qu’ils soient opérationnels très vite dans leurs nouvelles tâches.


Jeudi 4 Septembre

Encore des rotations en chaland…


Pour la soirée des partants, notre groupe de musique a ouvert le bal en nous offrant un magnifique concert ! Cette soirée était vraiment sympa mais comme beaucoup de la 58, j’étais très partagée entre l’envie de faire la fête et l’amertume due au départ imminent de la majorité d’entre nous…




Vendredi 5 Septembre

Encore des rotations chaland et hélico. L’attente du départ se faisait de plus en plus pesante…Une forte houle a empêché le chaland de finir ses rotations pour acheminer la dernière cuve et la vedette « La nouvelle Aurore » repoussant la manip au lendemain matin.


Samedi 6 Septembre

Derniers convois pour le chaland qui aura bossé jusqu’au bout de l’OP… Après le départ des touristes et personnels interdistrict, c’est la 58 qui nous a quittée en hélico vers 15h00. Beaucoup d’émotions… Dorénavant nous serons 50 sur base dont seulement 19 « 58tards » (VCAT, personnel du BCR, samuKer, EDK et mécano flotille).

Bienvenue aux nouveaux de la mission 59 et bon voyage à ceux de la 58 que nous espérons revoir en métropole en banlieue rennaise comme toulonnaise (ou ailleurs)… Merci à notre VAT PJA pour son aide dans la récolte de données !



Retour en manip, cap vers l’île Guillou !

Nous repartons en manip !! Je bous d’impatience à l’idée de retrouver mon île après tout ce temps passé sur base !!