RATMANOFF, primer viaje !
21 Septembre, date officielle marquant le début du printemps qui se faisait déjà bien sentir depuis quelques temps… Les oiseaux et les éleph’ chantent de plus belle!
En route pour une semaine à Ratmanoff !
Ratmanoff (voir carte de l’est de la Péninsule Courbet ci-dessus)
Ratmanoff se trouve à l’est de la plate et morne Péninsule Courbet. Pour s’y rendre, deux solutions s’offrent à nous. Longer la côte via Pointe Morne: c’est un peu plus long (35km) mais c’est toujours cool de rencontrer des habitants en route (éléphants de mer, otaries et manchots) ou couper à travers champs (et à travers lacs...). Là, c’est peut-être un peu plus rapide mais c’est un cauchemar… 26km d’une monotonie hors du commun : des cailloux, des Acaenas, des cailloux, des Acaenas, ainsi que des sols spongieux et des lacs agrémentant le trajet de savoureux petits détours pour faire durer le plaisir !!
Et oui, Ratmanoff, ça se mérite…Et cela permet à la grande colonie de manchots royaux de ne pas être trop dérangée par notre présence…
Pas folles les bêtes, nous avons bien sûr opté pour la première solution ! Nous sommes donc passés par Pointe Morne à l’aller afin de profiter des éleph !!! A peine après avoir traversé la première rivière (la rivière Château), nous avons été récompensé par notre choix car nos premières femelles éleph et leurs peluches noires nous attendaient !! Nous avons même pu voir des petits jumeaux (cas assez rare chez les éleph)…
En route, j’ai eu la chance d’assister à ma première mise bas. J’ai pu également voir des nourrissages d’albatros hurleurs (Diomedea exulans)…Les parents ne reviennent de leur périple en mer que de temps en temps pour nourrir les jeunes au nid…
En arrivant sur Ratmanoff, c’était l’extase…. Des milliers de femelles éleph’ revenues tout spécialement d’Antarctique pour pondre leurs « bonbons » occupaient la plage. Des bébés partout…
Et le boulot dans tout ça ?
Pas de temps à perdre, à peine arrivés, nous y avons couru !
But de la manip ? Savoir si le poids et l’âge au sevrage des bonbons dépendent du régime alimentaire, de la zone d’alimentation et de la condition physique de la mère. (L'étude est réalisée par l'équipe de Christophe Guinet du CEBC de Chizé et sur le terrain, c'est Quentin qui s'y colle!)
Pour cela, 200 bonbons (bébés éleph’ encore appelés pups) tout juste naissants doivent être bagués afin de pouvoir être retrouvés au sevrage. A ce moment là, ils seront pesés, mesurés et des prélèvements d’ongles et de sang seront également effectués.
Pour trouver nos candidats, nous sillonnons la plage plusieurs fois par jour à la recherche de bébés encore mouillés afin d’être certains de leur date de naissance. Tous les jours, 6 à 8 bébés sont bagués sur la zone d’étude (environ 1km de plage). Les bagues utilisées sont des vulgaires boucles à ovins placées à l’aide d’une pince dans la nageoire caudale. En parallèle, nous notons l’état physique de la mère et prenons des photos de celle-ci.
L’exercice (baguage) n’est pas toujours facile lorsque les mères ne daignent pas coopérer. D’ordinaire assez calmes, elles se montrent assez agressives à cette période de l’année. Même si elles ne paraissent pas se déplacer très vite, il vaut mieux se méfier… C’est qu’elles ont des bonnes petites dents ces p’tites dames…
Et le soir, nous faisons le comptage des individus dans les harems de la zone d’étude (femelles et bonbons). En à peine une semaine, le nombre de femelles et de BB a doublé voir plus ! Et ce n’est pas fini !!
Des baguages seront effectués jusqu’au milieu du mois d’octobre. Un peu plus de trois semaines après leur naissance, les bonbons seront sevrés. Ils perdent peu à peu leur duvet et deviennent des boules grises bien grassouillettes. C’est à ce moment là que les pesées et les prises de sang seront effectuées !
Une nature douce mais brute…
A notre plus grand bonheur, les bonbons peuvent être approchés facilement lorsqu’ils roupillent le long de leur maman. Petite séance de gratouillage possible sans même qu’ils ne se rendent compte de notre présence !
Quant aux mises bas, elles sont impressionnantes… Elles sont super rapides : en 3-4min le petit se retrouve expulsé et confronté à un univers dangereux… Premières respirations, premiers cris échangés entre la mère et le jeune pour se reconnaître… Ces cris sont assez particuliers et ne sont notés qu’à ce moment bien particulier : la mère semble aboyer gentiment et les petits poussent des petits cris rauques…
Cette scène ne durera que très peu de temps car rapidement une nuée de pétrels géants (Macronectes giganteus), de skuas (Catharacta antarctica) et de goélands (Larus dominicanus) fondent vers eux pour se disputer les restes du placenta et du cordon ombilical…Ces charognards n’hésitent pas à s’attaquer aux vivants non plus. Gare aux faiblards qui se verront dévorer sur place… âme délicate s’abstenir… Ceci a l’avantage de nettoyer impeccablement les plages : seules les carcasses et peaux parsèment alors le terrain ! Les skuas sont également friands du lait qui coule lors de la tétée. Ils ne se gênent pas pour aller le récupérer dans la gueule des petits ou sur le sable où ce lait, tellement gras ne s’imbibe pas !
Ce spectacle ne réveille pas le moins du monde les « pachas », les gros mâles à la tête des harems. Normalement, un seul énorme mastodonte garde un œil sur quelques centaines de femelles… Cependant, des mâles périphériques, attendant « patiemment » leur heure pour se reproduire, sont tolérés autour des harems tant qu’ils ne tentent pas d’approche… En effet, les prétendants ne manquent pas, les mâles périphériques rôdent et tentent de détrôner le prince de ces dames… Souvent, de simples vocalises (ressemblant au cri d’une Harley Davidson) suffiront à effrayer les jeunes mâles qui s’empressent de retourner d’où ils sont venus en jetant un regard effrayé derrière eux… D’autres sont plus persévérants et les combats peuvent alors être rudes. Les mâles se redressent, se tapent et se mordent de toute leur force en jouant au cheval à bascule. Ils n’en ressortent pas indemnes : trompes déchirées, balafres et profondes cicatrices témoignent de la violence des affrontements.
Et les piafs dans tout ça ?
Les éleph ne sont pas les seuls habitants à éveiller notre curiosité. Ratmanoff est en effet connu pour sa grande colonie de manchots royaux (Aptenodytes giganteus). En ce moment, les jeunes de l’année dernière sont regroupés en crèche. Les parents peuvent ainsi sortir en mer afin de reprendre des forces et alimenter leur jeune. La reproduction attendra novembre-décembre.
Par contre, chez les petits manchots papous (Pygoscelis papua), c’est la période des naissances. Selon les sites et les individus, certains sont encore sur œufs alors que d’autres ont déjà des jeunes cachés au creux de leurs pattes. Les papous pondent normalement deux œufs mais la plupart du temps un seul des poussins arrivera à l’âge adulte.
Les albatros hurleurs, quant à eux, commencent à perdre leur duvet blanc qui laisse apparaître un joli plumage gris et se dégourdissent doucement les ailes. Les jeunes sont bagués au nid afin de pouvoir les retrouver ensuite et en connaître un peu plus sur leurs déplacements et leurs âges…
28 Septembre… Le temps est passé très vite… Je dois repartir pour PAF. Cette fois-ci, nous passerons par l’intérieur afin de rentrer le plus rapidement. Vive les lacs, les Acaenas et les caillasses !
Le lendemain, je repartais pour l’île Haute. Sur cette île, réside une population de mouflons de Corse qui est actuellement régulée afin de limiter les dommages causés sur la végétation…
RATMANOFF, segundo viaje !
9 Octobre… Me revoici en route pour Ratmanoff par la côte avec Matthieu météo, afin de rejoindre Quentin pour continuer un peu « la manip éleph ». Transit magnifique encore une fois !! Sur le chemin, nous avons pris le temps d’observer et d’apprécier la « Nature ». Impressionnant le nombre d’éleph squattant les plages ! En une vingtaine de jours, leur nombre a considérablement augmenté ! Certains doivent même optés pour des habitations de seconde classe et se contentent de zones herbeuses ou de zones terreuses… C’est la crise du logement ici aussi ! Nous avons profité d’un rayon de soleil pour passer voir la petite colonie de manchots papous qui niche dans des tussocks (grosses touffes) de Poa cookii (jolie graminée autochtone) aux marges du désert de Morne.
Pesée et prélèvements sur pups sevrés
Les premiers BB bagués avec Quentin lors de ma première manip commençaient à être sevrés après 20 jours de tétées ultra énergétiques (ils peuvent prendre jusqu’à 3,5kg/jour). A la fin de la période de l’allaitement, les mères se reproduisent rapidement avec le pacha et retournent en mer.
Les sevrés sont alors assez facilement repérables car ils s’écartent doucement de leur harem d’origine. C’est à ce moment là que l’on doit effectuer les pesées et les prélèvements. Pour cela, hop, nous « sautons » à cheval sur les bonbons afin de les immobiliser. Pas toujours évident car ces grosses boules peuvent peser jusqu’à 160kg et ne manquent pas d’énergie (vive le rodéo) ! Prises de sang et prélèvements d’ongles sont réalisés et permettront après analyses isotopiques de connaître le régime et la zone d’alimentation de la mère. Les BB sont ensuite placés dans un filet afin d’être pesés. Leur âge et leur taille sont également notés.
Pose de balise
Autre événement phare de la manip : la pose de deux balises sur deux femelles éleph. Ces balises devront permettre d’en savoir plus sur leurs déplacements et leurs zones d’alimentation après la reproduction. Les candidates sont des femelles qui s’apprêtent à retourner en mer : celles-ci sont en général un peu à l’écart du harem et sont accompagnées d’un gros pup « en mue » qui ne va pas tarder à être sevré. Pour être équipée, la femelle est anesthésiée. La balise peut-être alors posée tranquillement sur la tête. Par la même occasion, la femelle est pesée, mesurée et doit donner son sang et des ongles….
Quant aux piafs ils se portent bien…
Les albatros se « déduvettent » et les manchots papous commencent à sortir du nid. De nombreux manchots royaux ont regagné les plages et s’installent même à l’intérieur des terres pour pouvoir muer avant la période de reproduction qui approche.
Les plantes aussi… Dans les endroits les plus abrités, les Acaenas ont refait des feuilles bien vertes et de nombreux boutons de fleurs apparaissent.
15Octobre, retour (déjà…) par la côte !! Passage dans le désert de Morne où nous avons croisé des bonbons « perdus » sous une tempête de sable et de neige. Encore une belle marche !
Bref passage sur base (2jours) afin de préparer des nouvelles manips ! Samedi 18, départ pour de nouvelles aventures sur l’ouest de la péninsule Courbet !
2 commentaires:
Génial, comme d'habitude... Tu vas nous manquer quand le Marion t'aura éloignée de l'île de la Désolation, et nous en serons désolés, crois-moi. Un grand, un énorme merci pour l'ensemble de ton oeuvre !
Roger
C'est super! j'adore venir lire ton blog de temps en temps quand j'en ai le temps et c'est toujours magnifique et bien raconté! j'ai aussi hâte de te revoir quand tu sera sur l'ipev à brest! on sera voisine de batiment!
Géraldine
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