Première semaine à Kerguelen (12 au 19 Décembre 2007)

Première semaine à Kerguelen
(12 au 19 Décembre 2007)

Mercredi 12 Décembre, 5h…premières terres de Kerguelen en vue…

Après une journée passée à longer et à apprécier les côtes sud de Kerguelen, nous avons enfin débarqué sur la base de Port aux Français (PAF). Bref baptême d’hélicoptère…Accueil de la part de nos prédécesseurs. Ce qui est impressionnant en arrivant ce sont tous les éléphants de mer tout autour de la base et aussi le nombre de véhicules. Les premiers jours ont été consacrés à la visite de la base et au début de passation de consignes pour le programme.

A la fin de la semaine je suis allée en hélico sur l’Ile Verte dans le Golfe du Morbihan.

Au programme des découvertes à terre : des oiseaux (chionis, pétrels, cormorans…), des plantes (azorelle, Acaena, pissenlits !!!), des paysages magnifiques... Je suis également partie 2 jours à Pointe Suzanne, manip au cours de laquelle j’ai pu participer à la capture d’éléphants de mer et d’otaries.

Beaucoup de choses en très peu de temps ! Je vous souhaite à tous de joyeuses fêtes ! A bientôt pour des news un peu plus riches et des photos du bout du monde !

A bord du Marion 3

Lundi 10 Décembre (48°S, 60°E)

Quasiment pas de mer… Un temps méditerranéen… Voici les conditions retrouvées entre les 40èmes rugissants et les 50èmes hurlants… Un classique… Par contre notre horizon est assez restreint de part une brume assez dense… La corne de brume retentit toutes les deux minutes environ pour signaler notre présence… A qui ? Nous n’avons pas croisé un seul bateau depuis le début de la traversée !!! Cependant nous devrions arriver d’ici peu dans des zones de pêche…Pêche à la légine (Dissostichus eleginoides), par exemple, dont la chair est très appréciée des japonais… Niveau piafs, nous ne voyons plus grand-chose car nous nous sommes un peu éloignés des terres.

Mardi 11 Décembre (48°S, 64°S) : dernier jour à bord

Nous avons changé d’heure aujourd’hui : lorsqu’il est 10h en métropole, il est 14h aux Kerguelen. Toujours un temps de Côte d’Azur… Et moi qui pensait avoir plus froid que vous…hi hi hi… Le Marion est passé de 16 nœuds à 8 nœuds. Apparemment, une houle arrière ne lui permet pas d’aller très vite et en plus ça nous permettra de n’arriver qu’en début de matinée sur les côtes de l’archipel.

Mercredi 12 Décembre : Arrivée à Kerguelen !

Nous nous sommes levés à 4h pour admirer l’arrivée sur Kerguelen. Nous avons atteint les côtes ouest sous un ciel brumeux, cela donnait un petit côté mystique à cet instant. Toute la matinée, nous avons longé la côte… Moment absolument magique. La brume a laissé place à des reliefs montagneux, des plateaux basaltiques, des cascades se jetant directement dans la mer, des glaciers… Magnifique ! Nous débarquerons dans l’après-midi par hélicoptère à Port aux Français.

note de la production

« Arrivées sous la brume mais celle ci s’est levée pour laisser place à de magnifiques paysages montagneux et des plateaux basaltiques absolument fabuleux!!

Il y a également plein de cascades qui tombent dans la mer et des glaciers »

[…..] Quiterie est arrivée dans les iles Kerguelen.

je posterai la suite des aventures lorsque quiterie m'enverra son texte.......

A bord du Marion Dufresne 2

Jeudi et Vendredi

Jeudi, il ne faisait déjà plus aussi chaud. Du coup, nous avons passé moins de temps à nous dorer au soleil ! Nous avons quand même pu observer nos premiers albatros. En fin de journée, ils ont même fermé le pont E pour cause de vagues et vents. En effet, dans la nuit du jeudi au vendredi, nous avons passé les 40èmes rugissants. Depuis vendredi matin, les piafologues sont aux anges !! Des albatros de
différentes espèces, des pétrels à menton blanc (les plus abondants), des océanités, des prions et quelques damiers du cap suivent le bateau. L'albatros royal est vraiment immense. C'est impressionnant de le voir planer au dessus des vagues puis d’un seul coup remonter pour redescendre ensuite très allégrement en s’aidant des courants d'air. J'ai passé le plus clair de la journée à regarder les p'tits et grands (surtout) n’oiseaux. Impressionnant !

Samedi : Arrivée sur CROZET
La nuit a été très agitée. Déjà, vendredi soir, à l’heure du repas, des filets antiglisse ont été sortis pour poser les assiettes et les verres à pied ont été remplacés par des verres à whisky. C’était joyeux, nous avons été bien ballottés ! La nuit, impossible de trouver le sommeil. Et encore on nous a dit après que les creux des vagues n’étaient que de 6m et que c’était souvent beaucoup plus remuant !!
Enfin, à 6h00 du matin, le temps est devenu plus clément.et par le hublot nous avons pu voir des côtes rocheuses se dessiner. Ça y est, nous sommes arrivés à CROZET ! Beaucoup se sont rués sur le pont pour admirer les terres ! Cela faisait 4 jours et 5nuits que l’on ne voyait plus un caillou à l’horizon !
L’archipel CROZET est situé aux environs des 46° de latitude Sud et de 50-52°de longitude Est c'est-à-dire à environ 2860km au sud-ouest de l’Ile de la Réunion. Il est composé de cinq îles dont la principale est l’Ile de la Possession (150km²) sur laquelle est installée depuis 1964 la Base Alfred Faure. Comme sur Kerguelen, des recherches scientifiques (écologie, suivis sismologiques et magnétiques, etc.) ainsi qu'une présence militaire sont assurées depuis la construction de la base. Cette île est balayée par des vents d’ouest importants (120jour/an à plus de 100km/h) et est arrosée par plus de 2500mm d.eau chaque année !

En ce qui nous concerne, nous avons eu beaucoup de chance. Il a fait beau pendant les deux jours d’escale. Nous étions même en petit pull sur le pont à regarder l'île au loin. Et oui… Malheureusement au loin.Dès 8h00 du mat. branle-bas le combat ! Les touristes, les hivernants à Crozet et les scientifiques devant faire quelques manips sont descendues à terre d’un coup d’hélicoptère et ont été accueillis par
les personnes présentes sur la base. Nous, les VCAT, le personnel technique et quelques autres chercheurs avons dû rester à bord. En règle générale, tout le monde descend mais malheureusement, nous ne choisissons pas toujours . Toute la journée, nous avons regardé l’île et surtout la grande manchotière (manchots royaux) de Port Alfred depuis le Marion Dufresne ancré à quelques encablures de la côte dans la Baie du Marin. Pour nous consoler, quelques manchots royaux sont
venus nager à flanc de navire. C’est super marrant Je les pensais plus gros que ça. Sinon, nous avons pu voir plein de piaffous : plusieurs espèces d’albatros (dont des royaux, des sourcils noirs et des fuligineux), des damiers du cap (ceux là ils sont super jolis avec leurs tâches sur le dos), des pétrels (à menton blanc et géants subantarctiques, à dire vrai je ne les trouve pas très beaux, ils ont un bec de dodo rires), des goélands dominicains et puis aussi pas mal de petits prions. J’ai également pu apercevoir au loin des orques !
Une équipe de tournage présente à bord en a vu plusieurs très très près du bord sur la Baie Américaine. De belles images en perspective. dommage que nous n’étions pas de la partie.

Dimanche
Nous nous sommes levés avec un petit espoir de, cette fois-ci, descendre à terre. Mais malheureusement la bêtise d’un seul homme suffit à réduire cet espoir à néant. Et dire que la plupart d »entre nous ne repasserons plus par ces latitudes. Heureusement, grâce à l’équipage, nous avons fini par pouvoir embarquer sur un canot pour se rapprocher un tant soit peu de la manchotière. A peine 5 minutes à observer les manchots et éléphants de mer sans pouvoir accoster, mais c’était magique de voir tout ce petit monde de plus près ! La colonie est immense… c.est impressionnant !! Ce qui est aussi remarquable c’est le bruit qu’ils font et. L’odeur qu'ils dégagent. Des éléphants de mer se prélassaient au soleil ; et quelques manchots papous, plus solitaires, étaient aussi au rendez-vous dans la Baie. Que du bonheur !Avant 17h, toutes les personnes descendues sur Crozet sont remontées à bord et quelques hivernants de la mission précédente ont également quittés la base. Le Marion lève l’ancre. Pour certains, c'est un an d’aventures qui s'achève.

A bord du Marion Dufresne

Dimanche-Lundi

Le 2 décembre, après une petite journée pluvieuse et venteuse à Paris nous avons décollé à 19h45 pour l'Ile de la Réunion, St Denis plus précisément. 10h de vol environ, un peu long; surtout quand on ne dort pas ! 3h de décalage horaire seulement? A l'arrivée quelle chaleur !!! Adieu la polaire et la veste !! Nous avons tout de suite pris le bus pour la ville du Port où nous attendait le Marion Dufresne : le bateau qui nous mène dans les Terres Australes. Sur le chemin, nous avons vu quelques paysages côtiers mais pas les plus beaux et entraperçu le cirque de Mafat dans les nuages.Dommage que nous n'ayons pas eu le temps de traîner quelques jours ci.

Vers midi nous avons embarqué sur le Marion. Il est assez impressionnant ce bateau avec ses 100m de long ! Au menu, enregistrement à bord, découverte de nos cabines, puis repas. Je partage ma cabine (2 lits superposés et un cabinet de toilette) avec Hélène, ma collègue VCAT. En ce qui concerne les repas c'est impressionnant : nous avons le droit à des menus 3 étoiles changement d'assiettes à chaque plat et couverts spéciaux! bonjour la vaisselle) ! L'après-midi, avant le départ, nous avons un peu visité la ville du Port mais il n'y avait rien de spécial. J'ai par
contre admiré la végétation des jardins qui est très proche en certains points de celle du Costa Rica. A 16h, nous devions déjà être de retour pour le départ fixé à 17h donc pour la Réunion RDV au retour !


17h! Le personnel du port s'active, tout le monde monte sur le pont supérieur pour assister à l'évènement. Nous sommes tous pressés et l'excitation de chacun augmente quand à l'idée de partir. Certains réitèrent leur voyage mais ce n'est pas pour ça qu'ils sont moins impatients de quitter le port ! Nous, les VCAT qui allons partir pour un an, nous commençons à prendre conscience que nous nous lançons dans une sacrée aventure (au moins 12mois !). 17h20, ça y est nous larguons les amarres !!! Que d'émotions!.
Le bateau quitte le port sous un soleil resplendissant et sur une mer bleue royale, magnifique !!!

18h! A la soupe ! Eh oui, nous faisons partie des quelques chanceux mangeant au premier service. Le déjeuner est à 11h et le dîner à 18h! pire qu'à l'hôpital! Finalement au bout de 2 jours on s'y fait; suffit de ne pas se goinfrer au petit déj et de ne pas regarder sa montre' car tout ça c'est un peu psychologique aussi ! Le soir nous n'avons pas fait long feu : dodo de 21h00 à 9h00 du mat' !


Mardi 4

10h : réunion rapide pour nous informer que nous disposerions d'une adresse mail provisoire à bord du bateau. Vous pouvez donc m'écrire (sans pièces jointes) à l'adresse suivante :
> duron.quiterie@marion.ipev.fr, ceci jusqu'à l'arrivée à Kerguelen. (cette adresse est hors fonction)
11h : repas! Tous les jours menus trois étoiles voire plus avec vu sur l'océan !! Mythique non? Jusqu'au moment où arrive un méchant mal de mer! J'ai lutté depuis la veille pour ne pas être trop malade. La mer est relativement calme mais apparemment selon certains moins plate que d'habitude. Le bateau tangue un peu et cela suffit pour se sentir brassé ! Impossible de fouiller dans son sac ou faire le moindre truc sans se sentir mal. Y'en a plus d'un de drôlement malade !! En ce qui me concerne ça va; j'ai finalement opté pour des petits comprimés de Mercalm et depuis à part une sensation de fatigue accrue tout baigne !
14h : exercice abandon de navire + comment enfiler une combinaison de survie.
Ensuite nous sommes restés pas mal de temps sur le pont. C'est agréable d'observer le grand bleu : pas un bateau, pas un îlot à l'horizon; rien! juste du bleu!.. En plus il fait chaud, nous profitons de nos derniers instants en tongs !

Mercredi 5

Nous nous sommes levées à 5h bien décidées à admirer le lever du soleil qui finalement ne s'est pointé que derrière d'épais nuages.
Aujourd'hui, nous avons eu des infos sur la sécurité hélico (et oui nous allons avoir le droit à un baptême d'hélicoptère en descendant sur les districts !) et aussi une formation théorique d'aide pour les premiers secours (une sorte d'AFPS). Le soleil étant encore resplendissant, nous sommes restés sur le pont à admirer l'océan. En plus de gagner quelques couleurs, nous avons pu voir quelques piafs (puffins et pétrels) et des poissons volants (exocets). C'est dingue le temps qu'ils passent en vol; on dirait des petits papillons argentés. A la fin de la journée nous avions atteints les 35ème. On se rapproche!..et déjà le fond de l'air est plus frais.

Dimanche 2 Décembre, le grand départ !

Et oui, le départ approche à très grands pas ! Derniers préparatifs, je cours un peu partout pour tout boucler avant de partir. J’ai quand même pris le temps de changer les moutons de pré avec mes parents (toute mon enfance !). Les moutons ça ne va pas me manquer, il y en a à Ker… Je vais juste passer du Texel/Rouge de l’Ouest tranquille au Bizet sauvage ! Voici une petite photo de mes moutons dans la brume creusoise...



Je vais partir dimanche matin direction Paris puis Roissy pour prendre l’avion jusqu’à La Réunion. Nous arriverons lundi matin à la Réunion pour embarquer sur le Marion Dufresne dans l’après-midi. Arrivée prévue environ dix jours plus tard à Ker !

Pour ceux qui voudraient m'écrire, voici mon adresse:
Quiterie DURON
Base de Port aux Français
District de Kerguelen
Terres Australes et Antarctiques Françaises
VIA LA REUNION

Brève (faut le dire !) présentation des Iles Kerguelen

Tout d’abord je vais répondre à la question qui revient le plus souvent… Vous avez compris puisque vous aussi vous devez être en train d’y songer….

C’est où ça ???
L’archipel de Kerguelen est situé entre La Réunion et l’Antarctique… entre les fameux 40èmes rugissants et 50èmes hurlants. Les Kerguelen font partie des Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF). Les TAAF c’est une Collectivité d’Outre Mer (en gros un ancien TOM) à l’égal de St Pierre&Miquelon ou encore de Wallis&Futuna. Parmi les TAAF, vous retrouvez aussi l’Archipel Crozet, l’Ile Amsterdam et St Paul pour les territoires subantarctiques, la Terre Adélie pour l’Antarctique et depuis 2007 des petites îles tropicales regroupées sous le nom d’îles Eparses situées entre l’Afrique et Madagascar.

Qui a découvert les Iles Kerguelen ?
Elles ont été découvertes en février 1772 par le navigateur breton Yves Joseph Kerguelen de Trémarec dans sa quête de la Terra Autralis Incognita.

Ker caractéristiques
Ce n’est pas un petit caillou comme certains le pensent puisque sa superficie est presque aussi grande que la Corse (7215km²). Elle est composée d’une Grande Terre très découpée et de 300 îles et îlots. Pour les géologues que ça intéressera sûrement, c’est la plus vieille île océanique au monde et la troisième en superficie après Hawaï et l’Islande. Sinon niveau climat, nous allons bénéficier d’un climat océanique tempéré froid. La température annuelle moyenne à Ker est d’environ 5°C mais en général en raison de l’humidité et des vents violents, les températures ressenties sont beaucoup plus faibles.

Ker biodiversité
On en reparlera une fois que je serais là-bas… ça sera mieux avec les photos !! Mais en gros, on retrouve des milieux terrestres simples avec un nombre relativement faibles d’espèces. Pas d’arbres, pas de mammifères terrestres natifs…. Niveau marin, on retrouve de nombreuses espèces de mammifères et d’oiseaux qui côtoient le littoral. Depuis la découverte de Kerguelen, beaucoup d’espèces exotiques ont été introduites dont des plantes, des arthropodes et des mammifères qui viennent perturber les équilibres en place. De plus, une hausse des températures et une baisse des précipitations n’arrangent rien non plus… Affaire à suivre… Nous y reviendrons puisque étudier l’impact des espèces introduites et des changements climatiques sur la biodiversité terrestre est le but de notre séjour !

Salut à tous !

Je vais partir aux Iles Kerguelen le 2 Décembre 2007 pour participer à un programme de recherche étudiant l’impact des changements climatiques, des actions anthropiques et la biodiversité des écosystèmes subantarctiques. C’est un programme développé par le laboratoire Ecobio de Rennes. Chaque année des chercheurs et des Volontaires Civils à l’Aide Technique (VCAT) se relaient pour poursuivre les études menées par ce programme. Au travers de ce blog, je vous propose de suivre mon expérience aux Iles Kerguelen.